Commentaires sur des questions d'enjeux.
Bruno Bonneville| 4 janvier 2016
Encore une Commission...Autant faut-il se réjouir de la volonté du gouvernement Trudeau de faire la lumière sur le triste sort de centaines de femmes autochtones assassinées ou disparues et offrir à leurs familles un minimum de justice, autant faut-il douter de la capacité d’une autre Commission à proposer des solutions tangibles et pérennes aux mêmes problèmes qu’ont déjà exposés la Commission royale d’enquête sur les Peuples Autochtones (Dussault-Erasmus) en 1996 et tout récemment, la Commission Vérité et Réconciliation.
Il est inévitable que la nouvelle Commission reliera le traitement réservé aux femmes autochtones à des décennies de politiques publiques mal avisées ayant causé un tort inestimable à leurs communautés (réserves, écoles résidentielles, pauvreté, violence et abus de toutes sortes). Elle recommandera donc de façon tout aussi prévisible un processus de réparation, l’abolition de la Loi sur les Indiens, la mise à niveau des infrastructures sociales, des investissements massifs dans l’économie locale et l’établissement de nouveaux rapports gouvernementaux « de Nation à Nation ». Et c’est là que le bât blesse. Il y a fort à parier en effet qu’au moment de produire son rapport, dans quatre ou cinq ans, rien n’aura encore été fait pour véritablement reconstruire les Nations Autochtones, pourtant à mon humble avis la principale recommandation du rapport Dussault-Erasmus et la seule clé pour dénouer l’impasse et sortir du cercle infernal dans lequel se trouve nos rapports avec les Premières Nations. Car quoi qu’en disent les autorités gouvernementales et de trop nombreux leaders Autochtones, il n’y a pas 632 Premières Nations au Canada, ce sont là des « bandes indiennes », créatures de la Loi du même nom. Il en existe réellement un peu plus d’une soixantaine que personne, sauf les Cris de la Baie James et quelques rares autres, ne semble pas vouloir reconstituer. Et pour cause, cette division est une aubaine pour le gouvernement qui s’en sert allègrement pour justifier son inertie et une manne pour des Chefs imbus de leur pouvoir, aussi limité soit-il, et des privilèges qui en découlent. Il est grandement temps de part et d’autre d’agir sur cette question pour établir un nouveau rapport de force qui favorise la conclusion et la mise en œuvre de véritables traités, ententes et protocoles qui permettront de concrétiser la réconciliation et sortir nos troisièmes peuples fondateurs de la misère dans laquelle nous les avons confinés. Pour ce faire, le gouvernement fédéral devrait créer un Fonds des Nations (Nation Building Fund) pour soutenir celles qui entreprendront la démarche et accepter, le cas échéant, de les traiter de façon privilégiée et aussi asymétrique que nécessaire. |
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